Pour assurer la continuité de l’éducation, UNICEF développe le programme Safe school
Le programme Safe School a été développé dans plusieurs pays avant d’être mis en place par l’UNICEF en appui au Ministère de l’Education burkinabè. Dans les régions touchées par l’insécurité, le programme a pu être développé grâce à la Coopération Suisse, l’Agence danoise de développement international, et l’Agence norvégienne pour le développement international.
Le dernier décompte effectué par le ministère de l’Education nationale fait état de ressortir 2 527 établissements fermés, soit 13,36% des établissements préscolaires, primaires, post-primaires et secondaires du Burkina Faso, affectant 352 085 élèves et 11 283 enseignants.
C’est pour répondre aux angoisses des familles et du personnel éducatif burkinabè face à la détérioration de la situation sécuritaire que depuis 2017, l’UNICEF a développé le programme « Safe School » avec l’ONG Humanité et Inclusion (HI), spécialisée dans les services psychosociaux, et avec Danish Refugee Cuncil (DRC). Dans un sondage publié le 12 février par la CONASUR, il apparaît en effet que 92% des ménages interrogés mettent la question de la sécurité dans les écoles comme le premier besoin majeur en matière d’accès à l’éducation.
Conçu pour couvrir toutes les régions concernées par l’insécurité et la violence, le programme Safe School consiste en des actions de prise en charge psychosociale des enfants et du personnel enseignant, de réduction des risques et d’un programme d’éducation par la radio destiné aux enfants habitant dans les zones inaccessibles, afin de renforcer la résilience des écoles et des communautés.
Il cible 4 400 écoles, plus de 900 000 enfants et plus de 10 000 enseignant(e)s.
Un des aspects du programme Safe School consiste à préparer les élèves et les enseignants à se protéger en cas d’attaque. Ces simulations permettent de développer les bons réflexes. « Dès qu’on entend le coup de sifflet, on ferme les volets et on se cache », explique le jeune Adama, 12 ans, qui a fui son village à cause des violences. Ces exercices menés en milieu scolaire permettent d’acquérir les bons réflexes en cas d’attaque. L’accompagnement psychologique des enfants traumatisés fait également partie du programme, avec la formation des enseignants.
Pour ces enfants, le temps passé à l’école est leur respiration, la promesse d’un temps normal, paisible, de leur âge. C’est l’un des l’objectifs du programme « Safe School » : prévenir l’insécurité, savoir évacuer l’école en cas de danger, mais savoir aussi gérer le stress et identifier les enfants traumatisés.
Dans l’école d’Adama, le directeur accueille la formation avec soulagement. Il ne s’était pas préparé à accueillir des enfants déplacés, ni à voir son pays tomber dans l’insécurité :
« On ne sait pas comment réagir, face à un papa qui pleure devant nous. Et certains enfants sont tellement traumatisés qu’ils n’osent plus revenir à l’école. Ceux-là, en tant qu’éducateur, j’ai le devoir de les convaincre de revenir. »
En 2017, une évaluation de départ de l’état mental de 583 enseignants a révélé que plus de 80% d’entre eux ressentent des effets psychologiques et des symptômes de détresse qui pourraient nuire significativement à la qualité de leur travail. Le directeur d’école poursuit :
« On a grandi dans un pays paisible. On n’a jamais entendu le bruit d’un coup de feu. Et voilà que c’est arrivé. »
Ces approches innovantes ont été mises en place pour que les enfants privés d’école, dans des zones inaccessibles, puissent encore avoir accès à un apprentissage. L’UNICEF soutient ainsi un programme qui dispense des leçons radiophoniques et des informations essentielles aux enfants qui ne peuvent pas aller à l’école.
Hussaini, 14 ans, bénéficie de cet enseignement. Il se souvient : « on était dans la classe quand on a entendu des coups de feu. J’ai eu peur. On entendait les gens crier, les enfants couraient, les enseignants se sont eux aussi mis à courir. Ils ont tué les enseignants, ils ont brûlé les classes. »
« Je souhaite que la paix revienne, pour que les enfants puissent retourner à l’école. »
Avant même la crise sécuritaire, les taux de scolarisation dans les régions frontalières du Mali et du Niger figurent parmi les plus bas du pays, et les risques d’échec scolaire y sont les plus élevés. Une étude menée dans les différentes régions du Burkina Faso révèle que par rapport aux enfants de la région du Centre, les enfants des régions du Sahel et de l’Est ont respectivement six fois et quatre fois plus de risque d’être hors du système éducatif.
L’étude indique également que les enfants des régions des Hauts Bassins, de la Boucle du Mouhoun, du Centre Nord, du Sud-Ouest et des Cascades ont tous un peu plus de deux fois plus de risques d’être hors du système éducatif par rapport aux enfants résidant dans la région du Centre. L’insuffisance des infrastructures scolaires, d’enseignants et l’ouverture des sites d’orpaillages dans ces régions et notamment celles du Sahel et de l’Est expliquent la propension des enfants à se maintenir hors du système éducatif.
Les enfants et les jeunes des régions frontalières du Mali et du Niger, qui n’ont pas eu accès à l’éducation ou à l’alphabétisation et sont en manque de perspectives professionnelles, sont potentiellement davantage exposés au recrutement par des groupes armés non-étatiques.
Le projet Safe School s’inscrit dans la continuité des actions déjà entreprises en 2017 en lien avec la Stratégie des Nations Unies pour le Sahel. Il s’agit notamment la résolution 2282 (2016) du Conseil de sécurité et de la résolution 20/162 du 27 avril 2016 de l’Assemblée Générale pour maintenir la paix au Burkina Faso.
Ce programme a été en partie financé par la Coopération Suisse, l’Agence danoise de développement international, et l’Agence norvégienne pour le développement international.